Le Merle Blanc, Brest
Ce "Merle" serait-il du Maërl ?


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Certains Brestois se plaisent parfois à dire que le quartier du "Merle Blanc" doit son nom, tel qu'on l'orthographie, à une confusion phonétique et que c'est "Maërl Blanc" qu'il faut entendre. Que penser de cette homonymie ?

Maërl est un mot breton, repris dans plusieurs langues européennes, qui désigne un matériau produit sur les fonds marins par des êtres vivants. Il s'agit de plusieurs espèces apparentées d'algues rouges, vivant en-dessous du niveau des plus basses mers jusqu'à des profondeurs pouvant atteindre quelques dizaines de mètres en eaux claires. Ces algues sont "libres" (non fixées à un support), mais lestées par leur squelette calcaire (constitué de carbonate de calcium, avec un peu de carbonate de magnésium), qui, selon l'intensité des courants, prend la forme d'arbuscules ressemblant à du corail ou de boules plus compactes. En nombre sur le fond, ces boules ou arbuscules, qui peuvent atteindre individuellement une vingtaine de centimètres, constituent des bancs de taille variable qui sont depuis des siècles l'objet d'une exploitation par dragage. L'usage traditionnel est celui d'amendement agricole. Les carbonates du squelette neutralisent l'acidité des sols granitiques communs en Bretagne, et la couche externe apporte également un peu de matière organique et des oligo-éléments. Du fait de la richesse de sa composition, il est aujourd'hui utilisé aussi dans la parapharmacie, les cosmétiques, etc. L'espèce la plus commune sur nos côtes, dominante ou exclusive en particulier dans les baies abritées, est Lithothamnion corallioides, parfois notée Lithothamnium corallioides (problème de latinisation des mots grecs). Elle a été décrite et nommée pour la science, au milieu du 19è siècle à partir d'échantillons prélevés en rade, par les frères Crouan, pharmaciens à Brest, qui, étant donnée l'importance de leur contribution, devaient sans doute se consacrer davantage à l'étude des algues, et à la botanique en général, qu'à la tenue de leur officine.


Détail de banc de maërl en Rade de Brest et sa faune associée

Détail d'un banc de maërl en Rade de Brest. Le maërl lui-même est le matériau granuleux qui tapisse le fond. Il est constitué de nombreux arbuscules plus ou moins ramifiés, de couleur rouge-rose (maërl vivant) à jaunâtre (maërl mort). Chacun de ces arbuscules est une algue dont la mince pellicule vivante recouvre un squelette calcaire. Sur le fond de maërl s'observent d'autres organismes. Les lanières vertes, brunes ou noires sont des feuilles mortes de zostère, une véritable herbe sous-marine et non pas une algue. Presque au centre de l'image sont renversés sur le fond les rameaux jaunes d'une éponge (Haliclona simulans) au port normalement dressé. À l'arrière de la partie visible du banc de maërl, les sortes d'outres blanchâtres sont des Ascidies nommées Phallusia mammillata, un nom (greco-)latin que l'on se dispensera de traduire par souci de décence. Les bancs de maërl reposent sur des fonds sableux plus ou moins envasés. Ils représentent un milieu très riche en biodiversité, mais vulnérable à la surexploitation du fait de la très lente croissance des algues qui le constituent. Photo prise en plongée par Erwan Amice et reproduite avec son aimable autorisation. Cliquer ici pour voir d'autres images sur le même sujet. Retour haut de page ]


Alors, Merle Blanc ou Maërl Blanc ? Comme le montre la photo ci-dessus, le maërl vivant est en fait d'un rouge-rosé plus ou moins intense. Mais, laissé en tas sur un quai à l'air libre, il finit par prendre une teinte blanc-crème, une fois desséchée la fine pellicule superficielle de matière organique et décolorés les pigments qu'elle contenait. L'histoire dit donc que le maërl, régulièrement dragué en Rade de Brest, aurait été, dans un autrefois non défini, débarqué et entreposé sur le rivage au pied du Merle Blanc, donnant ainsi son nom au quartier. Légende joliment trouvée, à défaut d'être avérée. Mais il est bien rare qu'en parlant du maërl on éprouve le besoin de préciser sa couleur. Et les lieux nommés "Merle Blanc" sont trop nombreux, y compris dans des régions continentales où pareille explication est impensable, pour qu'une origine spécifiquement brestoise et marine de ce nom de quartier soit vraiment plausible. Des considérations sur la prononciation incitent également à en douter. Retour haut de page ]


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